Celle qui était intrapreneuse.
Apparemment le gin est une affaire de femmes.
Déjà au tout début de cette newsletter vous nous aviez confié être en majorité fans de Gin Tonic. On eu l’occasion d’interroger Lorna Scott, ancienne politicienne devenue fondatrice du gin sud-africain Inverroche. Puis Anne-Hélène Vialaneix, que certaines ont même rencontré lors de notre événement, qui a co-fondé le gin français Du Grand Nez, tout le terroir du Lot-Et-Garonne dans un gin.
Et comme on dit jamais deux sans trois, au tour d’une troisième femme à l’origine d’une marque de gin : Pauline Raffaitin, créatrice d’Anaë Gin.

La curiosité pour passion
Au départ, Pauline veut voyager le plus possible. Quand vient le moment de choisir une école pour ses études supérieures, son choix s’arrête sur celle qui l’enverra découvrir le monde et ses cultures.
Sa sensibilité aux découvertes va la mener loin. Etudes terminées, elle décroche le poste de Brand Ambassadrice et Sales Manager pour les cognacs Godet au Royaume-Uni. Pour la première fois, elle découvre l’univers des spiritueux. Plongée directe dans les coutumes de dégustation de cognacs outre-Manche ; Gentlemen’s Club où on fume le cigare, et où la présence d’une femme est toujours remarquée. Elle se prend à apprécier les spiritueux bruns. Retour en France, elle est embauchée chez Bollinger Diffusion pour gérer le portefeuille Rémy Cointreau. Cognac, gin, rhum, whisky, autant de spiritueux qui l’immergent directement dans cet univers. Pauline découvre le travail des spiritueux, la passion du terroir, de la terre, du savoir-faire artisan. Et surtout, la passion des clients qui ont l’oeil affuté et sont un puit de connaissance sur les marques qu’ils affectionnent.
Un jour Bollinger Diffusion recherche à combiner les savoirs-faire de ses maisons autour d’un projet…Comment faire ?

Pauline a bien une – ambitieuse – idée : créer un nouveau produit et proposer aux consommateurs un spiritueux engagé et bien exécuté. C’est la première graine d’Anaë Gin. Par contre elle sera intransigeante, soit c’est un produit réellement bio, local et responsable soit il ne sera pas. Pour la première fois au sein de Bollinger Diffusion une marque voit le jour. Pauline a eu à pitcher son projet, comme on pitch une levée de fond pour lui donner vie. Tout le monde valide et elle se retrouve dans un nouveau rôle d’intrapreneuse. Position hybride qui apporte le confort d’une structure déjà établie avec des fonds et la responsabilité de réussir.
Démarre le process de création. En lançant ce projet en interne Pauline a l’avantage d’avoir accès à de nombreux talents prêts à l’aider. D’abord elle s’entoure de Dominique Touteau, maître de chai depuis plus de 30 ans des cognacs Delamain. Il partage généreusement son savoir-faire pour la production du gin. « C’est un vrai plaisir de travailler avec Dominique, il m’a apprit beaucoup de choses« . Puis, le duo est accompagné par Philippe Laclie, un maître distillateur charentais reconnu. A eux trois ils commencent à remplir la page blanche. Pauline se forme sur les plantes, en lisant énormément puis vient la phase des premiers tests. En plein Covid, l’équipe fait des tests, une version est retenue. S’en suivent des semaines d’affinages avant de valider la recette. Une des principales difficultés est de sourcer les matières premières en qualité bio et française, les deux critères principaux de Pauline.
Base vinique, plantes aromatiques, bouteilles, étiquettes tout est bio et quasiment tout est français. Seule la genièvre n’était pas disponible en quantité suffisante sur le marché français. « Il a fallu faire quelques compromis mais on a des projets pour, à termes, obtenir une filière de genièvre bio plus importante et nous permettre d’avoir 100% de nos ingrédients français » explique Pauline. Anaë Gin a finalement vu le jour en septembre 2021 et à ce jour c’est 760 cavistes, cafés, hôtels et restaurants qui le proposent, dont de très jolis établissements comme le Brach ou le Royal Monceau à Paris.

Ses valeurs au service d’un produit.
Depuis son lancement Anaë a séduit son public, Pauline, ravie, confesse que c’est assez stressant de lancer un projet intraprenarial. « On doit réussir » dit-elle. Heureusement elle a pu compter sur une incroyable énergie et un soutien sans faille du Groupe familial Bollinger et de toutes les équipes de Bollinger Diffusion « tout le monde était très enthousiaste pour ce projet, et il a donné lieu à de jolies synergies entre les départements et les marques ».
Dans son parcours, Pauline a appris à être un véritable caméléon, une force pour naviguer les différents mondes qu’elle côtoie. Surtout, elle considère qu’aux fonctions au siège la différence entre hommes et femmes ce n’est pas un sujet. Lorsqu’on est confronté au terrain, c’est autre chose. Certains clichés ont la vie dure.
Heureusement les choses évoluent.
Aujourd’hui Pauline est à la tête d’une marque de gin élue cette année meilleur gin français qui reflète pleinement les valeurs qu’elle porte : engagement, transparence et respect de l’environnement.