Celle qui avait une éthique
Il y a des personnes que vous ne connaissez pas, et pourtant. Dès qu’elles commencent à vous parler de leur parcours, la passion les anime instantanément, et soudain ils vous transmettent une décharge d’énergie créatrice. Anne-Hélène Vialaneix fait partie de ces personnes. En 2019, elle a co-fondé avec Eric Lugas une marque de gin bio, éthique et made in France : Du Grand Nez.

Une histoire personnelle.
A l’origine, Anne-Hélène est passionnée de médecine. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu : elle ne réussit pas sa première année et décide de se réorienter vers la pharmacie. Mais elle peine à y trouver le rapport à l’individu et à l’humain, ces caractéristiques si importantes à ses yeux ; elle se tourne alors vers les plantes et tous les trésors qu’elles recèlent. A l’issue de ses études, elle devient ingénieur agronome et débute une carrière dans l’agro-chimie au service des produits phytosanitaires : son métier lui permet de parcourir le monde, en passant par le Moyen-Orient & l’Afrique du Sud.
Au fil des années, elle sent le fossé entre son éthique personnelle et les valeurs véhiculées par son métier se creuser ; elle n’est plus en phase. Alors, elle décide de se reconvertir et reprend le chemin de l’école pour lier ses deux passions : la chimie et la dégustation. Très jeune, on lui a appris à porter une attention particulière à la dégustation, celle du vin principalement : sa famille étant issue d’une lignée de viticulteurs en Algérie, sa découverte de la vigne et de ses produits a démarré très tôt.
Son diplôme en poche, elle passe par diverses exploitations, avant de prendre la tête d’un vignoble dans le Gers. Au départ, l’accueil d’une femme à la tête d’une équipe d’hommes dans un milieu rural fut rude. Elle y découvre les premiers écueils d’être femme dans ce milieu ; ragots, désobéissance, etc. Heureusement, grâce sa persévérance et son perfectionnisme, elle parvient à installer sa place.
Après son troisième enfant, l’histoire avec ce vignoble prend fin alors qu’elle ne s’y attendait pas forcément. Eprouvée par cette fin surprenante, elle prend le temps de la réflexion. Qu’a-t-elle envie de faire ? La réflexion fait son chemin. Elle sait qu’elle ne veut plus rogner sur ses valeurs. Elle veut de l’empathie, conjuguer ses passions dans un produit qui serve économiquement son département : le Lot-et-Garonne.
Passion alcool blanc.
L’histoire d’amour entre Anne-Hélène et le gin a débuté quelques années auparavant au Portugal, où elle vivait, lors d’évènements et de mariages.
Ce qu’elle adore avec les alcools blancs ? Leur complexité innée. Pas de maturation, pas de transformation après la distillation. Dès la sortie de l’alambic, le liquide doit offrir une belle complexité et la palette aromatique la plus juste. Le gin a aussi la merveilleuse capacité à être personnalisé à l’envie, et à refléter les caractéristiques d’un terroir donné. Le terroir du Lot-et-Garonne offre une des plus grandes richesses agricoles du pays : camomille, kiwis, baies de goji, poires, pommes…. La liste est longue, et offre à Anne-Hélène un terrain de jeu formidable.
Dès le début, Anne-Hélène est consciente de ses points forts et de ses faiblesses ; son association avec Eric Lugas lui permet de se focaliser sur la création des recettes, la production, la communication et le marketing, tandis qu’il s’occupe de la distribution et de la dimension commerciale. Ils partagent la même empathie et le même attachement au Lot-et-Garonne. Leur association pose les bases d’une marque à l’éthique forte : Du Grand Nez est née.
Responsable avant tout.
Mettre en avant le Lot-et-Garonne est le prérequis Du Grand Nez ; ne pas renier la qualité tout en rétribuant les producteurs à leur juste valeur. Echaudée de ses précédentes expériences où le travail et l’engagement n’avaient pas toujours trouvé un écho juste à sa rémunération, Anne-Hélène a fait maîtresse l’idée d’une relation équitable envers ses partenaires.
Une marque responsable aussi dans le choix des ingrédients, toujours bios. Anne-Hélène et Eric étant tous deux parents, il est indispensable pour eux de créer un produit dont l’impact sera positif pour l’avenir et pour leur territoire.
Depuis son lancement en octobre 2019, la marque a connu des challenges : avouons-le, lancer une marque à l’aube d’une pandémie mondiale n’est pas exactement une partie de plaisir. Pourtant, le public est là, et la marque continue à se développer pour offrir trois gins originaux, aux profils aromatiques précis.
Ce n’est pas une surprise : pour Anne-Hélène, un des atouts féminins dans cette industrie est la sensibilité aux arômes, aux parfums, aux textures. Cette approche très sensorielle du produit l’amène à travailler ses gins comme des parfums.
Des parfums à déguster créés par une femme qui a fait de ses convictions ses plus précieux atouts pour réaliser ses rêves…